Hernie discale cervicale

Hernie discale cervicale

Névralgie cervico-brachiale

C’est une douleur partant du cou allant vers l’épaule, puis le bras, irradiant souvent jusqu’aux doigts. Elle est due à une radiculopathie (atteinte d’un nerf rachidien) dont la cause la plus fréquente est la hernie d’un disque des vertèbres cervicales qui pince le nerf. Cette radiculopathie peut entraîner également des fourmillements, une insensibilité cutanée, une faiblesse motrice et une fonte musculaire (amyotrophie). La névralgie cervico-brachiale est une affection habituellement traitée avec succès en quelques jours à quelques semaines avec des moyens médicaux simples : antalgiques, anti-inflammatoires, cortisone, collier cervical… Au moins 75 % des patients avec une radiculopathie cervicale vont s’améliorer sous traitement médical avec souvent une disparition complète de la douleur au prix parfois de troubles sensitifs ou moteurs, de cervicalgies séquellaires acceptables.

Indications chirurgicales

Le traitement chirurgical est indiqué dans les cas suivants :
− signes de compression de la moelle épinière,
− déficit neurologique majeur,
− douleur hyperalgique résistante aux antalgiques majeurs,
− détérioration neurologique malgré le traitement médical,
− absence d’amélioration de la douleur après un traitement d’une durée variable en fonction de l’intensité de la
névralgie cervico-brachiale, de son caractère permanent ou non, de son évolution, de la gêne fonctionnelle, du retentissement psychologique (minimum six semaines, maximum six mois).

Bilan médical et para-clinique

L’examen clinique confirme une radiculopathie. L’EMG, non systématique, peut être utile pour identifier l’atteinte radiculaire ou détecter une pathologie associée. L’imagerie (IRM et TDM) montre une hernie discale molle ou calcifiée postéro-latérale ou foraminale, élimine une cause beaucoup plus rare comme une origine tumorale, infectieuse, malformative. Que vous ayez subi un scanner ou une IRM importe peu pourvu que l’examen réalisé montre bien la hernie. Il n’est pas nécessaire de réaliser une myélographie. La mise en évidence d’une hernie discale sur l’imagerie médicale ne constitue pas forcément une indication chirurgicale. En effet, une hernie discale cervicale peut régresser et disparaitre ou persister en restant asymptomatique et ne constitue pas systématiquement un danger neurologique justifiant une exérèse. La découverte d’anomalies électromyographiques ne constitue pas une indication chirurgicale, mais est un argument à confronter à l’examen, l’évolution clinique et aux examens radiologiques pour porter une indication chirurgicale. A l’inverse un EMG normal ne contre-indique pas une intervention chirurgicale.

Microdiscectomie cervicale par voie antérieure avec fusion

C’est l’intervention de choix pour l’exérèse des hernies discales cervicales. Elle permet de mener à bien cet objectif dans toutes les situations anatomiques, traiter les lésions associées ostéophytiques éventuelles sans être gêné par la moëlle épinière qui reste dans un plan postérieur. Ses autres principaux intérêts sont le traitement de la discopathie à l’origine de la hernie, la préservation des muscles de la nuque, mesures qui favorisent une prévention de douleurs cervicales séquellaires. L’incision à la face antérieure du cou est faite de telle sorte que la cicatrice devienne pratiquement invisible en quelques semaines. Sous microscope opératoire, on enlève la hernie qui comprime et irrite le nerf, on réalise une discectomie complète, puis une arthrodèse intersomatique, par mise en place d’un greffon osseux entre les deux vertèbres afin qu’elles se soudent (fusion). Le greffon est pris au niveau de l’os du bassin sur la crête iliaque. L’utilisation d’une cage de fusion a pour but d’obtenir une solidité post-opératoire immédiate des vertèbres, de protéger le greffon tant qu’il n’est pas soudé, de restaurer la lordose cervicale (forme courbée du rachis cervical). Elle permet de plus un geste mini-invasif de la crête iliaque (prélèvement d’un volume minime d’os spongieux sans traumatisme de l’os cortical ou des insertions musculaires) afin de bénéficier des avantages d’une auto-greffe, sans en avoir les inconvénients. Un drain est mis en place pendant 24h. Pour des raisons esthétiques, la cicatrice est fermée par un surjet intradermique au fil non résorbable.

Après l’intervention

Vous vous lèverez dès le soir de l’intervention avec le kinésithérapeute. Vous pourrez immédiatement bouger le cou
comme vous voulez. Il n’est pas nécessaire de porter une minerve.
Le lendemain matin, vous ferez votre toilette au lavabo, vous vous lèverez sans limitation dans la chambre puis le couloir et les escaliers, vous prendrez vos repas assis à table. Vous rentrerez à votre domicile le surlendemain de l’intervention.
Pendant votre convalescence, vous pourrez rapidement reprendre une vie normale et toutes vos activités antérieures de façon progressive.

Risques

1. Risques liés à l’anesthésie : expliqués par le médecin anesthésiste.
2. Risques généraux : infection postopératoire, retard de cicatrisation, défaillance d’un organe vital (cœur, poumon), phlébite des membres inférieurs pouvant se compliquer d’embolie pulmonaire etc.
3. Risques spécifiques :
risque neurologique : Le nerf le plus exposé lors d’une voie d’abord antérieure est le nerf récurrent qui assure la motricité du larynx : son atteinte entraîne une modification de la voix qui devient bitonale et perd sa modulation. Cette atteinte est habituellement régressive en quelques semaines (le nerf n’a pas été coupé mais simplement contusionné par un écarteur), elle nécessite un peu de rééducation, exceptionnellement un petit geste chirurgical au niveau de la corde vocale paralysée par un ORL. Quelques rares cas d’atteinte de la moelle épinière elle-même ont été rapportés dans la littérature.
risque vasculaire : une lésion d’un vaisseau du cou (artère ou veine) peut se produire lors de l’abord chirurgical : selon les possibilités de réparation immédiate, l’importance du vaisseau concerné et la nature de l’organe vascularisé, il peut n’y avoir aucune conséquence ou au contraire des conséquences graves pouvant mettre en jeu le pronostic vital ou fonctionnel. Quelques rares cas isolés ont été rapportés dans la littérature alors que plusieurs dizaines de milliers d’interventions de ce type sont réalisées en France chaque année sans aucun incident de ce type.
risque digestif et respiratoire : lésions de l’œsophage et de la trachée.
risque lié au matériel utilisé : des risques spécifiques peuvent naître de la nature du matériel implanté : en cas de greffes prélevées sur vous même : infection, hématome du site donneur, séquelles douloureuses ou esthétiques au niveau de la cicatrice mobilisation, expulsion ou fracture du greffon ou du substitut osseux. Selon le matériel utilisé : rupture, déplacement, déformation etc.